Tourisme de la déconnexion digitale

À l’heure où les destinations et les entreprises touristiques sont de plus en plus connectées pour proposer davantage de services à leurs clients et communiquer auprès de leurs cibles, les « digital detox », même encore marginaux, ne viendraient-ils pas changer la donne ?

La cible des Digital Detox en chiffres ?

Selon une présentation de l’agence Dagobert, il existerait 9,3 millions de déconnectés en France, soit 18,3 % de la population, ceci est une réalité. Également, 73 % des personnes disposant d’une connexion internet à domicile se connectent tous les jours montrant ainsi la dépendance des Français à la toile. Encore plus surprenant, 41 % des internautes déclarent avoir du mal à se passer d’internet plus de trois jours alors que 62 % des français ont envie de se déconnecter.

Qui sont les « digital detox » ?

Toujours selon Dagobert, les « digital detox » sont des personnes âgées entre 25 et 49 ans, de CSP + avec un niveau d’étude supérieur.

Ils « ressentent l’envie de se déconnecter par besoin de renouer avec la « vraie vie » ». Ils ont peur d’être accro au web ou expriment tout simplement une lassitude envers la toile et souhaitent revenir à l’essentiel.

Ces anticonformistes qui revendiquent cette position de déconnexion digitale ont un fort besoin de se reconnecter à la réalité, car ils sont en quête de bonheur.

Les réseaux sociaux en cause ?

Ce sont les réseaux sociaux qui les poussent le plus à cette déconnexion digitale. Cela rejoint l’article du magazine américain Time (8-15 juillet 2013) portant sur la recherche du bonheur. On y retrouve la question : vous êtes-vous déjà senti mieux à propos de votre vie après avoir passé du temps sur un média social ? Question à laquelle, 60 % des personnes interrogées répondent par la négative.

Aussi, cela nous rappelle sans doute les nombreux témoignages de lassitude et de perte de confiance vis-à-vis de Facebook l’année dernière suite à son entrée en bourse.

Tourisme et déconnexion curative

Si l’on parle de déconnexion curative, difficile de ne pas faire le lien avec l’époque de la démocratisation des bains de mer marquant ainsi l’essor du tourisme en France. Les destinations françaises, futurs lieux de déconnexion curative ?

C’est loin d’être dans la tendance actuelle où la stratégie digitale devient le fer de lance des destinations et des entreprises touristiques. Le m-tourisme devient omniprésent et à juste titre à la vue de sa croissance. Cependant, l’utilisation du smartphone en tant qu’objet de la vie quotidienne vient en contradiction avec l’essence même du voyage. Les touristes recherchent avant tout l’évasion de leur milieu habituel. Ils ont besoin d’être dépaysés et d’exercer une rupture avec leur environnement quotidien, d’échapper à la routine. La philosophie des digital detox va dans ce sens.

La déconnexion digitale passe aussi par une envie de se déstresser et de prendre son temps. Comme l’écrit Mathilde Gaist dans son article très intéressant sur les vacances 1.0, on peut s’interroger si demain on ne serait pas prêt à payer pour qu’un hôtel n’ait pas le Wifi ou bien être prêt mettre 15 heures pour relier Paris à Bordeaux !

La tendance de la déconnexion digitale, toutefois marginale, est très certainement un futur facteur de différenciation et est déjà un nouvel axe de communication et de stratégie marketing. Un exemple marquant, celui de Kit Kat :

Comme le démontre la présentation de l’agence Dagobert, il s’agit d’une tendance qui devient un fonds de commerce. Pourquoi ne pas l’appliquer en marketing touristique ? Le tourisme a tout intérêt à se pencher sur cette tendance des « digital detox » qui pourrait devenir un phénomène !

Sources :

DAGOBERT (février 2013) « Digital detox – tendance déconnexion »

GAIST, Mathilde (26 juin 2013), « Dans le futur on passera des vacances 1.0 », Influencia.net

KLUGER, Jeffrey (8-15 juillet 2013), « The happiness of pursuit ». Time Magazine, page 77.

Pour plus d’actualités, consultez le blog référence de la tendance du Digital Detox : Detox Digitale

Yohann Rippe

Consultant en marketing et développement touristique chez Tourisme & Co basé à Bordeaux et La Rochelle. Passionné de marketing touristique et d'e-tourisme. Ancien étudiant de la maitrise en développement du tourisme de l'ESG-UQÀM. Président du club des jeunes professionnels du tourisme (Pros'T) Google