Tourisme et mauvais temps
En raison du mauvais temps actuel, un constat touristique s’impose. Déjà en avril, mois particulièrement pluvieux, le mauvais temps avait influencé le tourisme. En effet, la fréquentation hôtelière en France avait baissé de 1 % par rapport à avril 2011 (source). Cependant, on ne peut pas entièrement imputer cette baisse au mauvais temps, d’autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte.
La Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services (DGCIS) « estime que 29 % des Français sont certains de partir en juillet, c’est trois points de moins que l’an dernier à la même époque. Pour août, la proportion est de 32 % en baisse de 2,7 points, toujours selon la DGCIS » (source). Sylvia Pinel, la ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme a déclaré à ce sujet vouloir rester « très vigilante sur le fait que le taux de départ des Français s’affaiblit d’année en année, accentuant l’émergence d’une fracture touristique entre ceux qui ont les moyens de partir et ceux qui ne les ont pas » (source).
S’il n’est pas encore possible d’obtenir des chiffres sur l’impact du mauvais temps sur la fréquentation touristique en ce début d’été et en raison des nombreuses variables qui entrent en compte, nous obtenons tout de même certains échos d’un tourisme poussif. Par exemple, dans le département de la Vienne on constate une baisse de 10 % de la fréquentation touristique (source).
Aussi, dans la ville de Chatelaillon-Plage en Charente-Maritime, selon certains campings, la fréquentation est en baisse de 30 % par rapport à l’année précédente (source). Même si ces chiffres ne peuvent être vérifiés, il reste fort probable que nous connaissons cet été une baisse de la fréquentation touristique.
Les implications en termes de marketing et de promotion
Si hier dans la promotion d’une destination, le taux d’ensoleillement se révélait être un avantage concurrentiel, ce n’est désormais plus le cas. D’autres atouts qu’une météo clémente doivent être mis en avant afin d’attirer les touristes. L’exercice consiste à trouver des avantages concurrentiels que les touristes seront assurés de trouver lors de leur séjour. Les attraits patrimoniaux et culturels peuvent être des valeurs sures pour les organismes de promotion de la destination. En effet, « [s]elon une étude de l’Eurobarometer réalisée en 2009 auprès de la communauté européenne, l’offre culturelle et patrimoniale d’une destination serait un facteur important dans le choix de voyage d’un Européen sur quatre » (Jamaa, 2011).
Une identité et une image forte de la destination permettraient également de pallier aux inconvénients de la météo. Cela reviendrait à faire en sorte que le touriste soit attiré par la destination en elle même, ce qu’elle offre et non la météo qu’on lui promet. Jamaa (2011) écrit à ce sujet : « [p]our se démarquer, les destinations mettent de plus en plus l’accent sur l’actif culturel immatériel tel que les images, les goûts et les associations qui les relient à un pays. Ces traits culturels uniques servent d’image de marque pour la destination ».
Exemple : La Rochelle
La ville de La Rochelle est réputé pour son taux d’ensoleillement. Dans les nombreux classements des villes les plus ensoleillés de France que l’on peut trouver sur internet, La Rochelle se retrouve souvent comparé au destination de la Côte d’Azur. Cette promotion par le soleil échappe à l’office de tourisme car elle émane d’autres acteurs. Pour exemple, l’agence immobilière Orpi écrit sur son site : « [e]xceptionnellement ensoleillée (autant que la Côte d’azur), La Rochelle… ».
On retrouve également sur Wikipedia des données mettant en avant la qualité exceptionnelle du climat rochelais. Or, les touristes de ce printemps et de ce début d’été ne seraient pas du même avis !
Encore plus dithyrambique sur le climat de La Rochelle, le site Yavlin.com, un guide de voyage écrit : « Qu’attendent les touristes de leur séjour dans une région de France ? N’est-ce pas qu’il fasse toujours beau et que le soleil réponde toujours présent toute l’année ? Mais, là où ce rêve peut devenir réalité, c’est bien sûr dans la ville de La Rochelle. Chaque année, le grand sourire ensoleillé de la ville de la Rochelle accueille plus de trois millions de touristes dont un quart d’étrangers » (source). Si l’on en croit cet énoncé, les touristes sont assurés d’avoir un temps ensoleillé toute l’année. Or l’on sait qu’il est difficile de tenir une telle promesse !
L’office de tourisme de La Rochelle nous démontre sur son site (http://www.larochelle-tourisme.com/) que cette ville possède d’autres atouts majeurs que son taux d’ensoleillement. Il s’agit notamment de son patrimoine, de son histoire, de son art de vivre et de ses attractions.
En définitive, la promotion d’une destination par son climat peut aussi venir d’autres acteurs en dépit de la volonté de l’organisme qui en est en charge de diversifier ses atouts et attraits touristiques.
Faits insolites
Les excès de cette promotion touristique par le soleil amènent aujourd’hui à des situations originales, comme en témoigne l’assurance « droit au soleil » mise en place par certains spécialistes des voyages : Pierre et Vacances, Sunêlia, Marmara etc. Qui l’eu cru qu’au pays des congés payés, on pourrait se faire rembourser ses vacances si le beau temps n’était pas au rendez-vous ? Pour plus d’informations : lien.
Enfin, autre fait insolite, selon une prévision météo faite par un site non officiel (Météo Belgique), le plat pays connaitrait une seule semaine de beau temps jusqu’à septembre sur ses côtes. Les élus ainsi que les professionnels du tourisme de Belgique ont vivement réagi à cette annonce et se sont dits prêts à aller jusqu’au tribunal. Pour plus d’informations : lien.
Sources :
JAMAA, Siham (2011) « Tourisme culturel et patrimonial, un produit en croissance à travers le monde », Réseau de veille en tourisme, http://goo.gl/J1SWh.